Le temps est une force invisible qui transforme et bouleverse notre vie. Il dévoile la vérité et révèle l'innocence, il détruit la jeunesse et la beauté, il alourdit le fardeau qui pèse sur le dos de l'homme, il peut au bout du compte ôter même la vie.
Il est vraie que nous sommes impuissants face aux effets et aux action du temps. Mais à travers ce temps qui parait souvent accéléré, on peut reprendre notre force dans une autre phase temporelle plus rapide. Ce temps accéléré est le temps de la création, celui de ma pratique, pendant la quelle j'ai abrégé le temps et j'ai pu sortir de l'ordre cosmique pour entrer dans un autre univers qui est l'univers de la simulation.
Simuler les effets du temps, c'est joindre tous les événements du passé et bruler les étapes. Christine Buci-Glucksmamm note dans son livre : " Le temps de la pratique est un temps simulé, un temps qui ne représente pas analogiquement la durée comme les aiguilles d'une horloge" (1)
Cette expérience de la simplification du temps est semblable à celle de Yves Klein qui dit : " Je placais une toile, fraichement enduite de peinture, sur le toit de ma blanche Citoen. Et tandis que j'avalais la nationale sept à cent Kilomètres à l'heure, la chaleur, le froid, la lumière, le vent et la pluie firent en sorte que ma toile se trouva prématurément vieillie, trente ou quarante ans au moins se trouvaient réduits à une seule journée" (2)
Pendant ma pratique, les roles se sont renversés : je ne suis plus l'objet du temps, je ne le subis plus. Je suis devenu le sujet qui fait et agit sur le temps. J'ai arrété le soleil, suspendu le vol du temps en suivant le sens inverse de celui qu'empruntent les aiguilles d'une montre
(1) : Christine Buci - Glucksmamm, L'arts à l'époque du virtuel , Ed . L'harmattan, 2003, p . 80.
(2) : Florence De méredieu: Histoire matérielle et immatérielle de l'art moderne, ed :
Her larousse, 1999, P. 338.